Le jubé était indispensable pour loger les nombreux ecclésiastiques liés au sanctuaire au Moyen Âge tardif. La tribune monumentale et profonde qui occupe toute la partie occidentale permet d’observer la finesse et l’élégance du garde-corps ou de la balustrade, avec de magnifiques remplages de pierre à doubles tétralobules et fleurons.

Alignés sur les piliers intermédiaires du parapet, deux anges céroféraires ornaient les lutrins qui devaient supporter les grands livres du chœur. Il est dommage qu’ils aient perdu leurs ailes, car il s’agit de deux sculptures d’une grande virtuosité et d’une incroyable élégance. Elles ont également conservé leur polychromie d’origine. En ce point, avec une vue sur l’intérieur et sur la définition architecturale de l’ensemble, nous allons reconstituer pendant quelques minutes l’histoire du sanctuaire, de la légende à l’archéologie

L’histoire légendaire de la fondation du sanctuaire de Santa María de Ujué s’est construite, comme beaucoup d’autres traditions similaires, à partir du xvie siècle. Comme le raconte Moret, elle peut être résumée comme suit : « Un berger se promenait dans la rudesse de la montagne pour faire paître son bétail. Il remarqua à plusieurs reprises qu’une colombe entrait et sortait très fréquemment par le trou d’un gros rocher. (…)« Le berger essaya à plusieurs reprises de la chasser, mais la colombe ne quittait pas l’entrée de la grotte. Intrigué, il s’approcha de l’obscurité de la cavité et découvrit l’image de Sainte Marie à l’intérieur. Elle avait été « cachée là, semble-t-il, par les chrétiens fugitifs lors de la première grande incursion des Maures ». Après avoir prié devant l’image, il descendit des rochers escarpés pour informer les autres bergers et les villageois de la plaine de sa découverte. Ils grimpèrent jusqu’à l’escarpement et là, ils se prosternèrent devant la Vierge et la colombe, qui était encore à ses pieds. Certains ne redescendirent pas et décidèrent de rester vivre autour du grand rocher « qui fut ensuite sculpté pour y façonner la belle et somptueuse construction du temple que nous voyons aujourd’hui ». Et la Vierge, reconnaissante, commença à les gratifier de tant de merveilles que la nouvelle fondation attira bientôt tous les habitants des environs. La pieuse narration se termine par le nom de la nouvelle ville. Les nouveaux habitants nommèrent la localité Santa María de Uxua (qui signifie « colombe » en basque) en souvenir de la colombe qui leur indiqua la cachette miraculeuse de l’image de Marie.

Les fouilles archéologiques effectuées entre 2007 et 2008 dans le cadre de la dernière restauration reconstituent le processus de fondation du sanctuaire d’une manière tout à fait différente. Sous le niveau du pavement roman du chevet, les travaux atteignent la roche-mère de la montagne sacrée. La construction du sanctuaire a commencé entre les ve et viie siècles par un petit bâtiment autour duquel sont placées plusieurs tombes datées entre le ixe et le xiie siècle. Plus tard, une église à trois absides plates est érigée sur ce bâtiment et sur les tombes vers le xe siècle. Pour finir, le chevet roman actuel est construit au xie siècle.

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